Evocation

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Certains souvenirs sont à tout jamais associés à une musique ou une chanson...

Adolescente, il y avait un lieu que j'adorais. Une crypte. Cette crypte me filait des frissons et me fascinait tout à la fois. Non indiquée, non fléchée à l'extérieur de la collégiale, cette crypte était peu connue et donc peu visitée. Seul un petit panneau peint en bleu et blanc, fixé en haut de l'escalier de pierres, dévoilait le lieu. En haut de cet escalier un système d'audio guide permettait de découvrir les entrailles de la collégiale en une multitude de langues. Il suffisait d'appuyer sur la langue souhaitée et la visite commençait. Une lueur en bas de l'escalier sombre invitait le visiteur à descendre les marches. Il fallait absolument suivre le sens de la visite car un éclairage mettait en lumière successivement chaque partie de la crypte en la commentant.  Comme je l'ai avoué ici récemment, me déplacer dans le noir me panique. Inutile de préciser que je suivais scrupuleusement la visite, à la fois hypnotisée par la richesse historique et architecturale du lieu, en admiration devant les fresques du Xème siècle, et glacée par les ténèbres qui caressaient mon dos...

Cette visite était sublimée par l'illustration sonore qui colorait à merveille le moment. Le lieu et la musique était en accord parfait. J'étais aux anges...

Pourtant, dès l'audio guidage achevé, une incroyable  force me propulsait en haut de l'escalier de pierre ! Pourtant, j'y revenais régulièrement au cours des 5 années passées en région Centre. Et puis l'adolescente a grandi et a installé son nid loin de là.

Il y a quelques semaines, en revenant d'une fête dans la région, accompagnée de mes hommes, je me suis enfin arrêtée à la Collégiale. Vingt ans après, la crypte était-elle toujours ouverte au public, dans quel état ? L'audio guide était-il toujours en place ? Le prélude de la suite n°1 magnifiait-il toujours la visite ?

J'avoue que j'avais quasiment oublié la beauté de la collégiale et focalisé sur sa crypte. Crypte que j'ai retrouvé  comme dans mes souvenirs, aussi superbe, aussi hypnotisante (aussi froide et sombre, brrr). Malheureusement, il me semble qu'elle est peu entretenue et ses incroyables et inestimables fresques du Xème siècle se dégradent...

Le système de guidage sonore automatique, bien que visiblement remplacé récemment, était hors de fonction. Je n'ai pas pu vérifier si le violoncelle résonnait toujours dans les entrailles du lieu. Dommage. Il me faudra donc y retourner.

Je pense pouvoir assurer que ma découverte du violoncelle s'est faite dans ce lieu insolite. Depuis, ce merveilleux instrument suscite en moi d'intenses émotions. Au fil des années, j'ai fini par vouer une telle admiration pour lui que lorsqu'il m'a été donné de l'approcher il y a plus d'un an, un profond respect et une incroyable timidité ont freiné mon élan. Je n'osais le toucher. Ensuite, la merveilleuse chance d'apprendre à le faire résonner m'a été offerte. C'est ainsi que depuis plusieurs mois, lui et moi nous découvrons. La timidité s'est estompée mais le respect est toujours intact. Il est très exigent (moi aussi...) et ne se laisse pas apprivoiser facilement. Le début d'un long chemin, probablement.

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